Philippe Zaouati est banquier de profession. Osons le mot : c’est quasiment un golden boy. Élevé au biberon des mathématiques, des statistiques, de l'économie et de la théorie financière, il a gravi les échelons du monde de la gestion d’actifs jusqu’à devenir cadre dirigeant d’une grande banque française. Un monde où il tente de répondre à la question : comment gérer au mieux l’argent des autres ?

Pour soigner le virus de l’écriture qui le taraude depuis toujours – depuis les poésies qu’il déposait dans la boîte à idées de sa classe de CM2 de la rue Peyssonel à Marseille –, il commence par écrire des livres techniques, encore remplis de chiffres et de formules, même s’il y instille autant que possible des réflexions sur son métier.

La crise financière est pour lui un déclic, une véritable remise en cause. Ses enfants lui posent des questions auxquelles il a bien du mal à répondre. Est-il responsable de ce qui arrive ? Il n’abandonne pas pour autant le bateau de la finance qui tangue, il essaie au contraire de l’aider à prendre un nouveau cap. Il écrit alors un ouvrage prônant une finance plus « responsable ».

Pourtant, cet ouvrage se révèle encore trop prosaïque pour parvenir à satisfaire son envie de décortiquer les liens entre une profession qui a éveillé beaucoup de fantasmes et les hommes qui la pratique. Il sait bien que seule la fiction lui donnera la liberté d’écrire ce qu’il a vraiment au fond de ses pensées. Oubliant chiffres et formules, il se lance enfin dans l’écriture d’un roman. Des heures glanées le soir ou le week-end, après de longues journées de travail dans un univers en crise, pour donner vie à des personnages. Petit à petit, tel un dialogue entre les évènements extérieurs et les démons internes de son protagoniste central, La Fumée qui gronde voit le jour. Philippe est-il guéri pour autant ? Certainement pas. Le virus est toujours là... sans doute plus fort que jamais.

Il a publié chez arHsens La Fumée qui gronde.