Mi-février 2012, j'ai eu beau fredonner avec allégresse “Sweet Little Fifties”, je n'ai jamais reçu de carton d'invitation pour la party dans les jardins de la Maison Blanche. Rien. Que dalle. Nada !

Un oubli de Barack, qui ne me connaît peut-être pas.

Avant d'échanger nos adresses, on aurait pu comparer notre adresse sur son terrain privé. Le basket, c'est quand même notre passion de jeunesse. En revanche, je ne suis pas certain qu'il aime autant que moi dévorer les grands espaces blancs, tirer des courbes dans la poudreuse, marcher en solitaire jusqu'en haut des hauteurs, du côté de mes Alpes, du côté de Belledonne par exemple.

Barack et moi, on fait la même taille au centimètre près, il a eu deux filles et sa femme sait de quoi elle parle quand elle parle. Ça fait des points communs, non ? Mais faudrait pas croire que je vénère le gars. D'ailleurs, je n'ai jamais été du genre à caresser les idoles dans le sens du poil.

À six ans, j'ai sauté par la fenêtre du “caté”, ils ne m'ont jamais revu.

À douze ans, j'étais plutôt Lui que Salut les copains.

À la réflexion, depuis la préhistoire de mes souvenirs, je suis plutôt “Ni Dieu ni maître”.

Sur notre ligne de vie, il y a quand même des différences notables. Il y a la géographie qui nous sépare. Honolulu, New York City, Chicago puis Washington pour lui. Clermont-Ferrand, Annecy, Chambéry, Dijon, Lyon, Cheltenham et Grenoble pour moi.

Et puis, sur ma ligne de vie, il est gravé : “Autodidacte en tout – incapable de faire deux fois la même chose –, collectionneur d'expériences.” Je serais curieux de consulter la sienne.

Sauf que je ne suis pas près de mettre sa main dans la mienne. Les chances sont minces que Barack et moi soyons un jour amis, faut pas se raconter d'histoires…

… juste les écrire noir sur blanc.

Éric Tchijakoff a publié chez arHsens Super Brat.