Un roman de Rodica Draghincescu / Traduit du roumain par Florica Courriol 224 pages; ISBN: 2-916236-02-3
« La réalité appelle à nouveau les dieux pour qu’ils refassent le monde, le monde suprême. Le monde veut à nouveau exister, être, c’est bien ce que tu me dis, mon amour ! Nous sommes un monde potentiel, nous pourrions le diriger, dirigeons-nous l’un vers l’autre, unissons nos forces pour foudroyer le monde ancien, démis, disparu. »
€17.00
À travers sa liaison amoureuse avec Victorius, un homme qui chaque jour se propose de renoncer à son mariage raté, Cadiro Ghindracuces raconte sa vie de porte-drapeau d’une nouvelle génération d’écrivains issue de la chute du régime de Ceaucescu, des bords de la mer Noire à Timisoara, en passant par Bucarest. Elle décrit avec ironie ses révoltes, ses amours, ses lectures, sa solitude, ses tristesses, ses rapports à rebrousse-poil avec la nouvelle haute société roumaine.
Au-delà du classique triangle amoureux – Zorika, la femme-mère de famille, opprimée par les rôles de cuisinière et ménagère ; Cadiro, l’amante effrontée ; et Vic, l’homme qui se laisse entraîner dans la spirale de son indécision –, À vau-l’eau s’immisce au sein de l’intelligentsia, où se côtoient politiciens douteux, pseudo-artistes et anciens collaborateurs de la Securitate, dans un monde où tous les anciens repères vacillent.
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Dans l'ascenseur de l'immeuble B4A, il a laissé tomber les bagages, m'a reniflée et s'est collé à moi. Ainsi poussée, j'ai fini par me retrouver la nuque contre la glace de la cabine. Il m'a embrassée, m'embrasse, m'a embrassée. Il est tyrannique, nonchalant, convaincant, charmant «Nous arrivons tout de suite. N'aie pas peur. Tu n'as rien à craindre.» Voilà pourquoi je n'ai pas renoncé manque de volonté. Ainsi, je deviens la bonne femme dont il est question.
Comment ? Se laisser faire ? Je n'en sais rien. Comment les manières de ce vicieux ne m'inquiètent-elles pas ? Je ne me rends pas bien compte. A-t-il paralysé mon intuition ? M'a-t-il transformée en une sorte de bonbon à la Semionov ? Je discerne mal. J'ai appliqué la règle de la pitié et des regrets, croyant rendre ainsi justice à un pauvre hère, un malheureux privé de tout - jeté par tant et tant d'événements personnels dans les faubourgs existentiels -, rendre justice à un orphelin de toutes joies, etc. Lui ai-je donné trop de vie et d'âme (utilement) : pour qu'il ne casse pas sa pipe, pour qu'il puisse survivre ? Qui sait, c'est peut-être un pauvre petit chou incompris (comme presque tous les poètes) ? Oh ho ! Ça ne m'est toujours pas passé ? D'où vient-elle, cette toxine d'homme pour une gentille femme comme moi ? Peut-être me suis-je déchaînée comme une bête en chaleur ? Une expérimentation désespérée ! Parce qu'il me fallait des satisfactions liquides ? Je ne le veux pas ailleurs que chez moi. Non. Noonnn. Nous nous sommes embrassés jusqu'au troisième étage. Il a fripé, fripe ma robe verte, l'a soulevée, la soulève. La machinerie continue de fonctionner, il reste collé à moi et moi, ça me plaît. Aucune vision claire du péché. Nous montons. J'ai dit en vain que je ne le voulais pas dans la maison d'une autre. Nous montons. Je le veux n'importe où. Nous nous cherchons maladivement. Nous nous rassemblons par gémissements. Commentaires, gestuelle d'amoureux. Au quatrième étage ma longue robe verte est complètement remontée. Affamé, impatient, il défait mes harnachements, libérant des portions collantes. Les doigts touchent de brûlantes broussailles, des zones emmêlées. Nos cerveaux sont imprécis, rien pour l'écriture ou le dialogue.
« Nous sommes arrivés, mon amour ! Nous sommes à la maison, mon soleil ! » Une porte ouverte, une autre fermée à clé. J'ai mal au ventre. J'ai froid. J'ai froid. Il a deux longues clés argentées. Je suis lasse. Me retrouve dans le sentier d'un appartement en désordre. Armoires, vêtements, écharpes, ceintures étrangères - suspendues aux portes entrouvertes. Sentes et sentiers en plastique et autres remblais. L'obscurité grouille d'animaux poilus, d'êtres tordus et bizarres provenant d'un conte merdique. Parce que les bruits me semblent techniques, vertigineux, je crie. Ensuite, pendant quelques secondes, je m'assoupis.
J’ai pleuré 777 fois, hi hi, j’ai soupiré 77 fois, allez hop là, j’ai été malade 17 fois, merde, j’ai jonglé avec des notions concrètes, avec des notions abstraites, je n’ai pas de velléités, mais je sens comme un début d’inquiétude. Suis-je toujours en transe télépathique ? L’écrit, la fantaisie, le réel + la biologie leur appartenant, sur le plan psychologique, ne font point abstraction de mes propres émotions et soucis ? Il est clair qu’entre moi-de-l’écrit et moi-du-téléphone et moi-de-la-mémoire-racontée existent des liens d’un type spécial. Les réactions de gêne par rapport à ma propre personne, la stupéfaction et l’anxiété étouffent mon intention de confesser naturellement, simplement. On me prépare un programme désagréable, dans la page écrite. Je m’habitue à la fatigue, au besoin d’amour, aux dépenses journalières. Trop de sucreries, trop de papier, crayons, médecins, médicaments. Mon double consent à ce que la reconstitution par la description fasse des courbettes à la poétisation injustifiée. Je lisse la page blanche, je la prépare à dessein, je suis seule et sûre. C’est pour cela, en fait, que je ne suis seule que par rapport à mon ombre, avec le reste de ma troupe, qui s’appelle moi. Et si je m’arrêtais brusquement, si je n’écrivais plus ?
Publier des livres, c’est bien, mais ce n’est pas le tout : encore faut-il les faire connaître pour leur offrir la renommée qu’ils méritent. Cela passe non seulement par une communication aussi complète que possible auprès des médias, mais également par la participation à des manifestations telles que salons, festivals et séances de dédicaces. Voici un aperçu de ce qui a été fait et dit au sujet d'À vau-l'eau.
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Jugé événement éditorial des mois de juin et juillet.
« Ce roman d’une richesse infinie, c’est d’abord un rythme haletant qui pousse le lecteur dans le récit, qui capte toute son attention… »
[28 juin 2006]
« À vau-l’eau […] est un livre qui vous happe, qui vous entraîne dans son souffle, dans sa folie amoureuse, dans sa perte du contrôle des sens… » [21 juin 2006]
« … roman hallucinogène qui mêle les voix des personnages comme autant d’échos dans une chambre vide où trône un lit aux draps immaculés […] Au-delà de l’histoire il y aura toujours cette manière d’écrire en jouant sur les conjugaisons et les perspectives qui, le temps des dix premières pages, troublera le plus consensuel des lecteurs. Mais de grâce faites l’effort d'aller au-delà, le plaisir n’est pas aisé… » [7 juin 2006]
« Il y a des écrivains qui dépassent les autres d'une tête. Et si l'on "regarde" l'écriture, comme le propose l'héroïne de À vau-l'eau, on comprend "comment". Certes, il y a un "pourquoi" dans ce roman, une effervescence même de la narration et de l'information romanesque, une aventure des personnages et une croissance mythique des lieux. Tout y est et il n'est pas difficile de penser que le lecteur s'en délectera et qu'il aura sans doute tort de se fier au choix de la Critique pour établir le sien "avant la rentrée", foi de connaisseur. […] À vau-l'eau est un grand roman. »[15 juillet 2006]
Émission "En sol majeur", animée par Yasmine Chouaki. Durée : 46 minutes. Programmation musicale de l'émission : Kate Bush Babooshka Phoenix (groupe roumain des années 60) Vremuri Björk Come to me Annie Lennox Walking on a breaking glass Vladimir Vissotski Zvezdyj [18 mars 2010]
Séances de dédicaces
30 mai 2006 à la médiathèque Jean Morette d’Amnéville. 8 septembre 2006, à la librairie Decitre de Lyon. 9 septembre 2006, à la librairie Le Bal des ardents, de Lyon. 23 mars 2007, Salon du Livre de Paris, stand de l'Institut Culturel roumain. 8 et 9 juin 2007, dans le cadre de l'Été du du livre à Metz, dédicaces à la librairie Géronimo. 17 mars 2010, dans le cadre du Printemps des poètes, rencontre dédicaces à Élancourt, à la Commanderie des Templiers.